Le LacMéditations poétiques – Alphonse de Lamartine

Le Lac

Je ne suis pas un fan de Lamartine, mais il est difficile de parcourir les grands poèmes du répertoire sans tomber sur Le Lac. Il suffit d’ailleurs de lancer « Ô temps, suspends ton vol », pour qu’aussitôt quelqu’un poursuive avec « et vous, heures propices… ». Mon ami Eric Auvray ne me contredira pas, lui qui est un adepte, un interprète ô combien sensible et émouvant de la poésie de Lamartine. Je lui rends ici hommage car c’est sans doute sa rencontre et notre spectacle réalisé ensemble il y a maintenant quelques années de cela, autour de Théodore de Banville (tiens, encore un poète dont l’écriture sait être à la fois lyrique et simple !), qui m’a enraciné dans la poésie.
J’aime Victor Hugo parce qu’il est le génie universel, une énergie concentrée en pensée et en vers. C’est pourquoi je lui consacre le site Entendre Victor Hugo, dans le cadre d’un work-in-progress d’une année, au moins, comme je m’en explique dans Réaliser un chef-d’œuvre.

Mille et cent ans de poésie française

J’aime revenir à cet ouvrage de la collection Bouquins des éditions Robert Laffont. C’est mon outil de travail en atelier. Dans celui-ci, vous pourrez retrouver Le Lac et bien d’autres poèmes de Lamartine. Il est référencé à la page 906.

Le Lac – L’enregistrement

Je vous convie à écouter Le Lac, poème d’Alphonse de Lamartine, du recueil Méditations poétiques.
J’ai enregistré ce poème, ô combien célèbre, à l’aide d’un microphone et d’un casque… sans basculer dans les étoiles pour autant.
Si vous n’entendez pas bien cet enregistrement, ou mal, n’hésitez pas à m’en faire part en me précisant quel navigateur vous utilisez (le navigateur peut être Internet Explorer, Mozilla Firefox, Opera, Chrome, etc.)
Mon ordinateur a transformé mes paroles en un fichier son que j’ai envoyé sur la toile. Il suffit de cliquer sur la flèche pour entendre ce poème du recueil Méditations poétiques.

Le Lac

Le Lac – Le texte

Le texte Le Lac, d’Alphonse de Lamartine, est tiré du recueil Méditations poétiques.

Le Lac

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges
Jeter l’ancre un seul jour ?

Ô lac ! l’année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu’elle devait revoir,
Regarde ! je viens seul m’asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s’asseoir !

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l’écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos,
Le flot fut attentif, et la voix qui m’est chère
Laissa tomber ces mots :

« Ô temps ! suspends ton vol ! et vous, heures propices,
Suspendez votre cours !
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !

« Assez de malheureux ici-bas vous implorent,
Coulez, coulez pour eux ;
Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;
Oubliez les heureux.

« Mais je demande en vain quelques moments encore,
Le temps m’échappe et fuit ;
Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l’aurore
Va dissiper la nuit.

« Aimons donc, aimons donc ! de l’heure fugitive,
Hâtons-nous, jouissons !
L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ;
Il coule, et nous passons ! »

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d’ivresse,
Où l’amour à longs flots nous verse le bonheur,
S’envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?

Eh quoi ! n’en pourrons-nous fixer au moins la trace ?
Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus ?

Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !
Vous que le temps épargne ou qu’il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir !

Qu’il soit dans ton repos, qu’il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l’aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux !

Qu’il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,
Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,
Dans l’astre au front d’argent qui blanchit ta surface
De ses molles clartés !

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu’on entend, l’on voit ou l’on respire,
Tout dise : Ils ont aimé !

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Pierre-François

Pierre-François Kettler est le croisement sanguin et vraisemblablement contaminé de l'heroïc fantasy, de Victor Hugo, du Code noir, du théâtre, de Robert Desnos, du jeu et de la poésie. L’enfance et l’adolescence, à Chambéry, lui ont fait découvrir un corps qu'il détestait copieusement et un imaginaire où il se réfugiait voluptueusement. Son "service national" au Rwanda l'a ouvert sur le monde. Le théâtre l'a fait vivre et l'a réconcilié avec son corps dans cet espace si complexe. Depuis 2005, il harmonise sa chair et ses rêves en les écrivant.

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