Un auteur : Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794)
Je connaissais Florian pour sa fable La guenon, le singe et la noix. Une auditrice m’a suggéré La carpe et les carpillons, et ma surprise a été grande de découvrir que, non seulement cette fable était de Florian, mais aussi que Benjamin Rabier l’avait illustrée. Une version de cette œuvre, dans Les fables de Florian, illustrées par Benjamin Rabier, est consultable en ligne ; vous pouvez même les télécharger sous format pdf (Attention, objet d’art !). Vous désirez jeter un coup d’oeil : les amis de Benjamin Rabier ont composé cette page pour vous.
La carpe et les carpillons
La carpe et les carpillons – L’enregistrement
Je vous invite à écouter La carpe et les carpillons, poème de Florian.
Je l’ai susurré à mon ordinateur qui a eu la gentillesse de l’enregistrer. Il vous suffit maintenant de rapprocher la petite flèche de l’autre flèche ci-dessous, de cliquer et d’écouter.
La carpe et les carpillons :
La carpe et les carpillons – Le texte
Prenez garde, mes fils, côtoyez moins le bord,
Suivez le fond de la rivière ;
Craignez la ligne meurtrière,
Ou l’épervier plus dangereux encore.
C’est ainsi que parlait une carpe de Seine
À de jeunes poissons qui l’écoutaient à peine.
C’était au mois d’avril : les neiges, les glaçons,
Fondus par les zéphyrs, descendaient des montagnes.
Le fleuve, enflé par eux, s’élève à gros bouillons,
Et déborde dans les campagnes.
Ah ! ah ! criaient les carpillons,
Qu’en dis-tu, carpe radoteuse ?
Crains-tu pour nous les hameçons ?
Nous voilà citoyens de la mer orageuse ;
Regarde : on ne voit plus que les eaux et le ciel,
Les arbres sont cachés sous l’onde,
Nous sommes les maîtres du monde,
C’est le déluge universel.
Ne croyez pas cela, répond la vieille mère ;
Pour que l’eau se retire il ne faut qu’un instant :
Ne vous éloignez point, et, de peur d’accident,
Suivez, suivez toujours le fond de la rivière.
Bah ! disent les poissons, tu répètes toujours
Mêmes discours.
Adieu, nous allons voir notre nouveau domaine.
Parlant ainsi, nos étourdis
Sortent tous du lit de la Seine,
Et s’en vont dans les eaux qui couvrent le pays.
Qu’arriva-t-il ? Les eaux se retirèrent,
Et les carpillons demeurèrent ;
Bientôt ils furent pris,
Et frits.
Pourquoi quittaient-ils la rivière ?
Pourquoi ? je le sais trop, hélas !
C’est qu’on se croit toujours plus sage que sa mère
C’est qu’on veut sortir de sa sphère,
C’est que… c’est que… je ne finirai pas.
Autres poèmes enregistrés
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